85. Croyances et superstitions (1)
Croyances et superstitions
- chapitre 1 -
En Guadeloupe comme dans les autres îles des Antilles, les croyances et les superstitions font partie de l'imaginaire créole...
Pénétrons prudemment dans cet univers magique et quotidien.
La magie antillaise puise sa richesse dans la multiplicité de ses sources. Aux pratiques païennes des Amérindiens, premiers habitants des îles, aux usages religieux des diverses communautés africaines qui composaient les millions d'esclaves d'une époque bannie, vient s'adjoindre, importé par les colons, le savoir-faire des sorciers des campagnes françaises. Ajoutez à ce savant dosage l'omniprésence de la chrétienté et plus récemment, les rites des Indiens du Sud de l'Inde, et l'on obtient ce pan de patrimoine passé dans l'imaginaire collectif.
Ce mérissage n'est pas seulement dans l'apparence physique des personnes ; de la rencontre entre ces peuples divers est né un espace spirituel : celui des croyances et superstitions.
Nourris à ces pratiques dès le sein maternel, nul n'y échappe. Entre catholicisme et magie, la frontière est ténue et plus encore, se confond dans ces prières chrétiennes qui émaillent la plupart des pratiques magiques et l'utilisation des psaumes de David.
Si les potions magiques sont l'apanage des gadézafé...
En Guadeloupe, le quimbois, pratique conférant une force magique à un objet inanimé, est le fait du quimboiseur, appelé aussi séancier, gadézafé ou quimbois. ce chimiste des philtres concocte des breuvages magiques qui servent à envoûter ou à désenvoûter.
Autrefois domaine réservé des nombreux marchés de Pointe à Pitre, la concurrence des quimboiseurs venus d'Afrique et d'Haïti a relégué au rang de "folklore" les potions soi-disant magiques que les belles doudous tentent maintenant, sur leurs étals colorés des marchés, de "fourguer" aux touristes incrédules.
On va voir le quimbois si un enfant travaille mal à l'école, car ce ne peut être que le coup d'un sort jeté, ou encore pour l'aider dans la réussite à un examen, mais également pour dominer un supérieur, repousser les mauvais esprits, parier sur un combat de coqs ou un match de foot, pour la traduction d'un rêve ou la recherche d'un trésor... Et même, pourquoi pas, pour gagner au loto !
Mais les premières préoccupations concernent la santé. Dans ce refus de croire à la réalité de la maladie, on préfère voir là un sort lancé par autrui. la jalousie apparaît alors comme l'un des moteurs majeurs : "jalousi frè sôcier" (la jalousie est aussi mauvaise qu'un sorcier) dit-on en créole. Comme l'auteur présumé d'un acte contraire aux bonnes moeurs qui sera atteint d'une maladie incurable par un "retour à l'envoyeur". Cette croyance à l'irrationnel est aussi une manière de refuser le caractère inéluctable de la mort, d'en rejeter la responsabliité sur d'autres, ces "mauvais vivants" qui nous veulent du mal. Il convient donc de s'en protéger par tous les moyens, catholiques ou autres. on raconte même que des hommes politiques très connus ne se privent pas de recourir aux services des quimbois lors des élections.
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